Deux. ( に二)
…un pas de deux, un pas de côté…

Pour évoquer la photographie, le chiffre « deux » est omniprésent : positif et négatif, argentique et numérique, voir et regarder, net et flou, proche et lointain, lumière et ombre…

Dans les images que nous propose Nadia Anemiche, l’ombre et la lumière sont convoquées, il me semble que c’est là le fil conducteur de son travail photographique. Par ailleurs, l’artiste laissera dormir ses images avant de les jauger, de les juger dignes d’être montrées… ou pas.

Dans « L’éloge de l’ombre », l’écrivain japonais Tanizaki Junichirô nous dit : car une laque décorée à la poudre d’or n’est pas faite pour être embrassée d’un seul coup d’œil dans un endroit illuminé, mais pour être devinée dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, elle suscite des résonances inexprimables…*

Il me semble aussi que pour Nadia, toute photographie est un autoportrait.
Si techniquement, l’appareil photographique importe peu dans la pratique de Nadia (nombre de ses images sont prises avec un Smartphone), c’est avant tout l’œil qui élabore l’image.

Pourtant, un appareil photographique ancien est fondamental dans le parcours de l’artiste : le Zorki hérité à l’adolescence, ce boîtier qui en s’enrayant n’a pas entraîné la pellicule initiale… Ces « non-photographies », ces images mentales, images latentes que Nadia nous invite à regarder à

travers le prisme de son regard posé avec une infinie poésie sur le monde qui l’entoure, où qu’elle se trouve, ici et là…

« un pas de deux, un pas de côté »…

…pour finir, l’envie de composer un haïku :

… par l’interstice

de la fenêtre, regard

posé sur la vie…

François DAUMERIE.

*éloge de l’ombre. Tanizaki Junichirô. Trad. : René Siefert, éd. Verdier

… à Marc TRIVIER…